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  • Moisson 2024 : des rendements très décevants sauf dans le sud

    Moisson 2024 : des rendements très décevants sauf dans le sud

    Moisson 2024 : des rendements très décevants sauf dans le sud

    Anonyme (non vérifié)

    mar 16/07/2024 – 08:00

    La météo continue à faire des siennes et les moissons se déroulent dans des conditions difficiles. Rendements faibles, qualité moyenne, cette récolte de blé tendre est annoncée comme l’une des trois plus faibles de ces vingt dernières années. Seul le sud semble tirer son épingle du jeu.

    Des prévisions de récolte basses pour la moisson 2024 et sans doute surévaluées

    Avec une prévision à 29,65 Mt selon Agreste, la récolte française de blé tendre ne dépasserait pas les 30 Mt, pour la troisième fois seulement en vingt ans (après celles de 2016 et 2020). Ce niveau de production pour la moisson 2024, en repli de 15,4 % par rapport à 2023, correspondrait à un rendement moyen de 69,9 q/ha. Mais pour Benoît Piétrement, président du Conseil spécialisé grandes cultures de France AgriMer, « on sera sans doute en dessous ». C’est ce que semblent penser Arvalis et Intercéréales qui ont prévu eux, une récolte plutôt proche des 27 Mt, avec un rendement moyen à 64 q/ha.

    Concernant le taux de protéine, il s’élèverait en moyenne à 11,6 % selon Arvalis, un chiffre stable par rapport à l’an dernier, et proche de la moyenne établie sur les dix dernières années. « La qualité n’est pas très bonne mais elle n’est pas si mauvaise que ça, souligne Benoît Piétrement, qui est aussi président de la coopérative Novagrain (Marne). Mais on est vraiment très déçus par les orges d’hiver, il nous manque 20 % par rapport à une année normale ». D’après Agreste, la récolte d’orge, se situerait à 11,29 Mt, en baisse de 8 % par rapport à 2023, dont 8,024 Mt de variétés d’hiver (-17,2 % par rapport à 2023) et 3,266 Mt de printemps (+ 26,1 % par rapport à l’an passé).

    Les premières remontées confirment la faiblesse des rendements de la moisson 2024

    Selon nos confrères d’Agrapresse, Christophe Vinet, directeur des productions végétales de la Cavac en Vendée, parle d’une récolte « encore pire que 2016 ». « Les rendements sont attendus en baisse de 30 à 50 % ». Et côté qualité aussi, l’inquiétude est palpable. « Les premiers PS mesurés sont faibles, tout comme les taux de protéines ». Le bilan de la moisson 2024 est le même pour les colzas et les orges qui, eux, sont désormais tous récoltés. Déception également à la pesée pour les premiers blés récoltés en Charente-Maritime, même si pour l’heure, « la qualité semble correcte », indique Christian Cordonnier, directeur général de Terre Atlantique.

    Le premier bilan est moins optimiste à la Minoterie de Courçon (17) où son directeur Christophe de Hercé explique que les pluies ne cessent de stopper les chantiers, « avec pour conséquence, une baisse des PS. Les taux de protéines pâtissent quant à eux d’une moindre absorption de l’azote due au lessivage. Et certains blés présentent une baisse du temps de chute de Hagberg », ce qui pourrait compliquer le travail des meuniers. Et concernant l’orge, le directeur parle de « 60 q/ha de moyenne, avec un écart de 30 à 85 q/ha selon les zones ».

    Des taux de protéines corrects pour la moisson 2024

    Chez Soufflet Agriculture, le constat est le même. François Pignolet, directeur collecte, indique, pour son premier bilan moisson sur la chaîne YouTube du groupe : « Cette année, la moisson n’est pas bonne. Les rendements sont décevants ».  Il détaille : « Nous avons récolté sur Bourgogne, Touraine Poitou, Centre Berry. Les protéines sur le blé tendre sont autour de 11,5 %, les PS à 76,5 kg/hl. Pour l’instant, les analyses de mycotoxines montrent quil n’y a pas de DON. Et nous sommes à 380 secondes pour les Hagberg qui ne semblent pas avoir souffert des excès d’eau ». Mais les PS sont plutôt faibles pour le moment. « Sur les premiers blés, on a l’habitude de travailler avec des PS à 80 kg/hl, là on est plutôt à 76 ». Sur les orges de brasserie d’hiver, François Pignolet estime « une baisse de 20 à 25 % par rapport à l’année dernière​​​​​​, mais annonce des taux de protéines correctes de 9 à 12 %, avec une moyenne à 10,7 et des PS autour de 62 kg/hl, donc plutôt une bonne surprise sur ces points ».

    Dans l’Est de la France, selon les échos d’un opérateur anonyme entendu par la rédaction de La Dépêche, les premières remontées sont les mêmes. « Une baisse des volumes de 20 à 30 % par rapport à l’an dernier […]. Les PS devraient cependant permettre de rester contractuels. Au nord-est de la région du Rhin, les PS sont conformes. Au Sud, ils présentent des problèmes avec des lots à 52, 55 et 57 kg/hl minimum. La qualité est hétérogène, mais le principal problème reste les rendements, sachant qu’on commence toujours par couper les plus mauvaises parcelles ». « Les premiers échos des champs rapportent des rendements décevants sur les grandes terres (entre -20 % et -30 % par rapport à l’an dernier) et limités sur les petites terres », selon une autre source basée dans la Marne.

    Des résultats pour la moisson 2024 plus positifs dans le grand sud

    « Nous avons des rendements en blé tendre dans la norme, voire peut-être même supérieurs à celle-ci dans notre partie sud-est », révèle Clément Roux, de la coopérative Arterris qui collecte de la région PACA à l’Occitanie. Sur la zone sud-ouest (Narbonne à Toulouse), celui-ci précise que « les rendements sont très hétérogènes avec de gros décrochages sur les parcelles touchées par la virose, alors qu’ils sont très bons dans les autres ». Et puis sur certaines parcelles où les rendements étaient pressentis exceptionnels, il y a de la déception. « Finalement, il y a eu une accumulation de petits défauts, un peu de gel, des grains manquants, quelques pieds chétifs ». Côté qualité, « les PS sont bons, les taux de protéines dans la moyenne et il n’y a pas de mycotoxine ». Néanmoins, Clément Roux fait part d’une certaine inquiétude sur les temps de chute de Hagberg, après les trois épisodes pluvieux qui ont ponctué les récoltes. « Il n’y a pas de décrochage majeur mais cela pourrait arriver. Une infime proportion de grains germés peut vite faire baisser le temps de chute ». Il confie aussi avoir des craintes pour les parcelles semées tardivement dans le nord-ouest de sa zone de collecte, où le rendement ne sera sans doute pas au rendez-vous.

    Les échos entendus par la rédaction de la Dépêche auprès d’un opérateur anonyme du Sud-Ouest, vont dans le même sens. « La qualité, que ce soit le PS, la protéine ou le temps de chute de Hagberg, et le rendement sont au rendez-vous. Pour l’instant, aucun problème sanitaire n’est à déplorer ». Par contre, « le rendement est moyen et la qualité décevante avec des PS entre 60 et 62 kg/hl en orge d’hiver. Les orges de printemps sont en meilleur état », signale ce même opérateur.

    Une production française de blé tendre qui n’aura pas d’influence sur les prix

    Pour Benoît Piétrement, la faible production française « ne va pas changer grand-chose sur les prix. Nous l’avons vécu en 2016 : l’année était absolument catastrophique, mais comme nous sommes sur des prix mondiaux et qu’il y avait de très belles productions dans beaucoup de pays, la récolte française n’a pas eu d’incidence ». Ses propos sont confirmés par l’actualité. Les prix du blé tendre ont cédé du terrain entre les séances du 11 et du 12 juillet sur Euronext (220 €/t) et le marché physique français, suite à la publication du rapport mensuel de l’USDA (département de l’Agriculture des États-Unis), qui s’est révélé baissier. L’USDA a relevé sa prévision de stock mondial de blé 2024-2025 de 5 Mt entre juin et juillet, en raison notamment d’une récolte aux États-Unis espérée meilleure qu’attendue. Les productions en Argentine, au Canada et au Pakistan ont également été revues à la hausse. Et la production russe a été maintenue stable (à 83 Mt).

    Benoît Piétrement évoque plutôt l’impact de cette mauvaise récolte sur la trésorerie des exploitations, « très tendues en raison des niveaux importants de charges, notamment liés au prix des engrais élevés » lors des achats courant 2023. Il fait état d’un « déclenchement très important de dossiers en assurance climatique ».

    Marie-Christine Bidault

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  • Maïs grain : une récolte dans la douleur, mais de bons rendements

    Maïs grain : une récolte dans la douleur, mais de bons rendements

    Maïs grain : une récolte dans la douleur, mais de bons rendements

    Anonyme (non vérifié)

    ven 29/11/2024 – 09:00

    Avec des rendements bons à très bons dans certaines régions, le maïs grain est la culture qui donne satisfaction en cette campagne 2024, malgré des récoltes difficiles et des humidités élevées.

    La récolte de maïs grain a été retardée et compliquée par les conditions humides de cet automne. Au 15 novembre, Franck Laborde, président de l’AGPM (Association générale des producteurs de maïs) indiquait un état d’avancement des récoltes très hétérogène selon les régions. « Il y a de très gros retards dans l’Ouest et le Sud-Ouest avec seulement un peu plus de 50 % des surfaces récoltées alors qu’en Rhône-Alpes les récoltes sont quasiment finies ». Quelques jours plus tard, Céré’Obs indiquait que 82 % des surfaces françaises de maïs grain étaient récoltées au 18 novembre. À même date, 97 % des surfaces étaient récoltées en 2023 et 96 % sur la moyenne des cinq années précédentes.

    De fait, les taux d’humidité sont très supérieurs à la moyenne quinquennale, de 4 à 5 points de plus. Les collecteurs ont mené des opérations de remise sur les coûts de séchage, pour inciter les producteurs à ramasser plus tôt et à préserver la qualité de la récolte. « Cela a été bénéfique pour les marges des agriculteurs qui ont pu récolter mais, dans beaucoup de situations, les mauvaises conditions météo n’ont pas permis d’intervenir », précise Franck Laborde. Depuis la deuxième quinzaine de novembre, ces réfactions se sont arrêtées et les tarifs de séchage atteignent 30, voire 35 euros la tonne (€/t).

    Des rendements hétérogènes du Sud-Ouest au Centre-Ouest

    Les rendements sont un peu supérieurs à la moyenne quinquennale dans le Sud-Ouest, indique Franck Laborde, tout en précisant qu’ils sont très variables. Franck Camet-Lassalle, responsable Grands Comptes chez Euralis, parle d’une « collecte pénible et longue » avec des rendements plus faibles qu’espérés. « Nous étions sur des 103-104 quintaux par hectare (q/ha) à la mi-octobre, finalement, nous serons à 97-98 q/ha, le rendement d’une année moyenne ». En cause, les excès de pluie de la fin de cycle qui ont impacté les PMG (poids de mille grains). Les plus grosses déconvenues sont sur les maïs irrigués à haut potentiel en raison du manque de chaleur. Même son de cloche chez Maïsadour avec des rendements annoncés entre 95 et 100 q/ha dans la moyenne habituelle et une humidité à 29 %, précise Grégory Moulis, directeur du pôle végétal. Il parle d’une qualité « impactée » par les mauvaises conditions, « mais en travaillant le grain, on devrait atteindre la qualité attendue par les acheteurs ».

    Le Centre-Ouest est la région où l’hétérogénéité est la plus importante en fonction du type de sols, indique Franck Laborde. Comme partout cette année, les meilleurs résultats ont été obtenus dans les sols filtrants.

    Dans le Grand Est, le maïs est la culture la plus rentable de la campagne

    Le maïs est la culture d’automne qui donne « le plus de satisfaction cette année, relève Frédéric Wiart, responsable collecte chez Vivescia, malgré une récolte qui a été longue, chaotique et particulièrement humide, à l’exception des dernières coupes qui ont pu bénéficier d’un temps plus clément ». En dehors des parcelles semées tardivement ou localisées dans des types de terre particulièrement sensibles aux excès d’eau qui n’ont pu dépasser 80 à 85 q/ha, les rendements sont élevés à très élevés, de 100 à 130 q/ha. La moyenne se situe autour de 105 q/ha.

    Dans la Meuse, sur la zone de collecte du groupe coopératif EMC2, les rendements se situent à 100 q/ha. « Ce qui est très bon pour la région, avance David Meder, directeur terrain. Il s’agit de la culture la plus profitable cette année après de très mauvaises moissons et la crise de la FCO. C’est une petite note positive pour nos exploitations de polyculture-élevage. » L’humidité est à 30-32 %. Les agriculteurs ont patienté pour atteindre l’optimum d’humidité et réduire les frais de séchage. Dans ce département, le maïs est d’abord produit pour l’ensilage. « Normalement, la coopérative collecte 10 000 à 15 000 tonnes de maïs grain. Cette année, nous allons récolter 2 à 2,5 fois ce volume », précise le responsable. En cause, des reports de surface en tournesol qui n’ont pu être semés et les bonnes récoltes de fourrage qui ont incité les producteurs à récolter leurs dernières parcelles en maïs grain.

    En Rhône-Alpes, de très bons résultats

    « Avec 260 000 tonnes récoltées au 20 novembre, nous serons dans nos objectifs, voire plus », indique Robert Comte, directeur du groupement Oxyane qui collecte dans l’ancienne région Rhône-Alpes. « Les rendements à 100-105 q/ha en moyenne, sont au-dessus de notre moyenne historique (95-97 q/ha). Les parcelles en sec performent à plus de 100 q/ha (contre 75-80 q/ha habituellement). Les parcelles en irrigué présentent, elles, des écarts moins prononcés par rapport à d’habitude (+ 3 à 5 %) ». L’humidité est à 25 %, ce qui est une année normale côté organisme stockeur. En termes de qualité, il n’y a pas de problème avéré pour l’instant.

    Des bons résultats en maïs dans des zones où il est habituellement peu présent

    Les difficultés de semis des cultures d’hiver ont réorienté une partie des assolements vers le maïs. Ainsi, le président de l’AGPM précise que dans « le grand bassin parisien élargi », zone céréalière où le maïs grain n’est traditionnellement pas présent, les rendements sont très bons en pluvial, supérieurs à 100 q/ha. Par contre, les coûts de séchage sont élevés, car les humidités sont supérieures à 30 %, voire 35 % dans les situations extrêmes. De façon générale, le maïs pluvial se montre très performant par rapport à la moyenne quinquennale, alors qu’en irrigué, on est à la moyenne.

    Les chiffres d’Agreste

    Au 1er novembre, Agreste tablait sur une récolte 2024 à 14,6 millions de tonnes, supérieure de 10 % à la moyenne quinquennale. Les surfaces de maïs grain (y compris semences) sont estimées à 1,61 million d’hectares, soit une hausse de 6,4 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Hors semences, le rendement moyen en maïs grain est estimé à 93,4 q/ha en 2024, (+ 2,7 % par rapport à 2019-2023). En non-irrigué, le rendement est estimé à 86,3 q/ha (+ 6,7 % par rapport à 2019-2023) et en irrigué, à 110,4 q/ha (+ 0,4 % par rapport à 2019-2023).

    Marie-Christine Bidault

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  • Décarbonation : quels leviers pour réduire les émissions en céréales et oléoprotéagineux ?

    Décarbonation : quels leviers pour réduire les émissions en céréales et oléoprotéagineux ?

    Décarbonation : quels leviers pour réduire les émissions en céréales et oléoprotéagineux ?

    Anonyme (non vérifié)

    jeu 28/11/2024 – 09:00

    La stratégie bas carbone des filières grandes cultures vise une réduction de 20 % des émissions de leur amont agricole à l’horizon 2030. Pour cela, une dizaine de leviers à combiner à l’échelle des exploitations ont été identifiés. Reste la question de leur coût et de leur financement.

    Les deux interprofessions des grandes cultures, Intercéréales et Terres Univia, ont présenté en conférence de presse le 26 novembre, leur « feuille de route carbone », comme requis par la loi Énergie climat de 2019. La stratégie des filières grandes cultures, présentée par Christophe Büren, élu référent carbone chez Intercéréales, vise à répondre à trois grands objectifs : « décarboner l’ensemble des étapes de la production à la transformation, stocker du carbone dans les sols et produire plus de biomasse qui permettra aux autres secteurs économiques d’accélérer leur décarbonation ».

    Benjamin Lammert, président de Terres Univia, rappelle que les grandes cultures sont, au vu de leur importance « des leviers majeurs pour décarboner le secteur agricole ». Mais, cela ne marchera que « si l’amont et l’aval travaillent de concert », ajoute Olivier Dauger, vice-président de l’Association générale des producteurs de blé (AGPB) et chargé du dossier carbone à la FNSEA. La feuille de route pose deux objectifs chiffrés pour 2030 : une réduction de 20 % des émissions par rapport à 2015 pour l’amont agricole et de 24 % par rapport à 2021 pour les industries de première et deuxième transformation.

    85 % des émissions directes d’une exploitation sont liées au protoxyde d’azote (N2O)

    L’état des lieux des émissions a montré que l’amont (production) représente 70 % des émissions totales des filières grandes cultures. Dans le détail, 63 % sont des émissions directes liées au fonctionnement de l’exploitation, dont 85 % liées au protoxyde d’azote (N2O) via la fertilisation, et 15 % au CO2 via la combustion de l’énergie (matériel, séchoirs à la ferme, transport…) et 37 % sont des émissions indirectes imputables à la fabrication des intrants agricoles (engrais et énergie).

    Par conséquent, les deux priorités sont de réduire les émissions d’azote et de CO2 tout au long du cycle de culture, « mais le prérequis sera de préserver notre souveraineté alimentaire, énergétique et protéique, et la production de biomasse », prévient Christophe Büren.

    Jouer sur l’assolement et la fertilisation pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre

    Le progrès variétal est le premier levier qui doit permettre d’améliorer l’efficience de l’azote ou la faculté de la plante à le valoriser. Le second levier concerne le choix d’assolements et de rotations qui nécessiteront moins d’engrais azotés : introduire des légumineuses, implanter des couverts végétaux, réaliser des associations de cultures, pour produire de la biomasse ou pour les enfouir afin d’augmenter le stock de carbone du sol. La présence de haies sur l’exploitation permet aussi de créer de la biomasse supplémentaire.

    Le troisième levier concerne la fertilisation azotée elle-même, par un pilotage fin des apports, un enfouissement de l’engrais, l’utilisation d’inhibiteurs pour réduire la volatilisation, ou encore la substitution des formes d’azote. Enfin, le dernier levier concerne les émissions de CO2 et donc l’énergie. Cela passe par une conduite du matériel plus sobre (écoconduite), par un renouvellement du parc matériel pour réduire les consommations d’énergie, par l’utilisation de bioénergie.

    Une stratégie bas carbone qui nécessite un partage de risque entre l’amont et l’aval

    Les leviers existent mais il va falloir inciter les agriculteurs à les mobiliser. Il faudra s’adapter à chaque système d’exploitation et à chaque terroir, car les solutions universelles n’existent pas en agriculture. Cela passera par des combinaisons de leviers. « Chaque agriculteur va choisir sa solution en fonction de sa situation. La baisse de 20 % des émissions directes ne pourra être appliquée de façon systématique sur chaque exploitation », estime Christophe Büren.

    La décarbonation de l’amont a un coût et implique une prise de risque qui doit être partagée entre les agriculteurs, les transformateurs, l’État et les consommateurs. Christophe Büren, également président du groupe Vivescia, cite son programme Transitions qui repose sur « une coalition d’acheteurs qui s’engagent sur 3 ans à acheter tous les grains bas carbone de l’exploitation ». Benjamin Lammert évoque OleoZE, la démarche de Saipol, qui a mis en place un complément de revenu pour l’agriculteur produisant des oléagineux bas carbone. ​​​​​ « Il est nécessaire de tester ce genre d’initiative pour montrer que cela peut fonctionner, indique Christophe Büren. La solution viendra en grande partie des industriels qui ont déjà des obligations de résultat en termes de décarbonation ».

    Marie-Christine Bidault

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  • Couverts d’interculture : « Les conditions de portance décident de la période de destruction »

    Couverts d’interculture : « Les conditions de portance décident de la période de destruction »

    Couverts d’interculture : « Les conditions de portance décident de la période de destruction »

    Anonyme (non vérifié)

    mar 26/11/2024 – 09:00

    Romain Crignon est agriculteur à Daméraucourt dans l’Oise. Il privilégie la préservation de la structure de ses sols pour décider de la date de destruction de ses couverts.

    « Je choisis la date de destruction qui permettra de préserver au mieux la structure de mes sols. La période se décide donc en fonction des conditions de l’année, selon la portance des sols. Si le temps le permet, je vais plutôt détruire en début d’hiver par un travail du sol, car il est toujours plus efficace de labourer tôt pour pouvoir bien préparer les semis de printemps. Si on laboure en sortie d’hiver, on risque d’avoir un effet négatif sur la dynamique de levée de la culture suivante. Je raisonne aussi en fonction de la culture qui suit. Je suis moins pressé par le calendrier pour détruire avant un maïs, qu’avant un lin par exemple.

    De façon générale, pour maximiser les bénéfices de mes couverts, je vais chercher à les implanter le plus tôt possible pour les détruire tôt en saison. La solution idéale est de semer à la volée avant la moisson. Je cherche toujours à faire des couverts qui seront faciles à détruire. J’ai toujours une base avoine de printemps, car je fais pâturer une partie de mes couverts par mes moutons, à laquelle j’associe des légumineuses ou du tournesol si je peux les implanter tôt, ou des moutardes et des radis si l’implantation est tardive ».

    EARL de Crignon, 115 ha de SAU en colza, blé, orge, maïs, lin, fèverole, betterave fourragère et prairie, avec un atelier ovin et un atelier fruits rouges.
    Marie-Christine Bidault

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  • Maïs : quelles avancées attendues sur le stockage de l’eau en 2025 ?

    Maïs : quelles avancées attendues sur le stockage de l’eau en 2025 ?

    Maïs : quelles avancées attendues sur le stockage de l’eau en 2025 ?

    Anonyme (non vérifié)

    sam 23/11/2024 – 13:30

    L’Association générale des producteurs de maïs (AGPM) a tenu son congrès à Pau les 20 et 21 novembre. Une partie des débats a été consacrée à la question de l’eau. Les maïsiculteurs attendent du concret de la part des pouvoirs publics pour accélérer les projets de retenues d’eau, à même, selon eux, de sécuriser la production dans les prochaines années.

    Les maïsiculteurs étaient rassemblés à Pau, les 20 et 21 novembre, à l’occasion du 90e anniversaire de l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM) qui s’est tenu dans une ambiance pluvieuse, à l’image de la campagne écoulée. En 2024, les surfaces en maïs grain (dont semence) ont progressé de 22,6 % et la production devrait avoisiner les 14 millions de tonnes avec des rendements « corrects » a indiqué Franck Laborde, président de l’AGPM. Après une baisse importante des surfaces en 2023, suite à la sécheresse de 2022, l’enjeu pour la filière, reste que le maïs demeure toujours présent dans les assolements à l’avenir, alors que la culture est souvent malmenée pour sa consommation d’eau estivale.

    La géographe et écrivaine Sylvie Brunel, présente au congrès, n’a pas manqué de rappeler que le maïs, première céréale mondiale, « est la plante qui a le moins besoin d’eau pour produire 1 kg de matière sèche : pour produire 1 kg de maïs grain, il faut 460 litres (l) d’eau quand il en faut 600 l pour le blé, ou 900 l pour le soja… ». Mais son défaut est qu’elle a besoin d’eau en été, quand il ne pleut pas, d’où la nécessité de l’irriguer dans certaines régions… L’éternelle question de l’eau s’est donc invitée dans les débats avec des producteurs de maïs désireux d’avancées rapides sur ce dossier.

    Une grande conférence nationale sur l’eau en 2025

    Martin Gutton, délégué interministériel à l’eau, est intervenu pour évoquer notamment la conférence nationale sur l’eau, annoncé le 1er octobre dernier par Michel Barnier lors de sa déclaration de politique générale. Décidé par le premier ministre pour évoquer les problèmes de sécheresse et conflits d’usage, l’un de ses objectifs sera notamment de faire comprendre la nécessité du stockage de l’eau, « car c’est une des réponses indispensables », estime Martin Guitton. Dans un contexte où tous les nouveaux projets de stockage pour un usage agricole engendrent incompréhensions ou rejets, celui-ci ajoute la nécessité de réussir « à reconstruire une sorte de contrat social entre la société et le monde agricole » sur les enjeux de l’eau. Le délégué interministériel estime que la constitution des dossiers relatifs à la création d’ouvrages de stockage implique d’être « très bon » dans un contexte où les contentieux sont nombreux. 

    La profession souhaite que les travaux relatifs à cette conférence l’eau soient menés à une échelle régionale et que les agriculteurs et irrigants y soient associés. Peu d’information filtre encore à ce stade sur le contenu de cette conférence. Le 12 novembre, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a indiqué lors d’un débat sur la gestion de l’eau au Sénat, que la conférence pourrait se tenir le 16 décembre prochain, avant d’être déclinée à l’échelle de chaque bassin lors du premier semestre 2025. Les travaux ne devraient pas se traduire par une nouvelle loi sur l’eau mais par de simples ajustements.

    Un fonds d’investissement hydraulique réabondé en 2025

    Le délégué interministériel a également évoqué le fonds d’investissement hydraulique agricole. Annoncé lors du dernier Salon de l’agriculture, ce fonds a pour objectif d’accompagner les efforts d’adaptation de l’agriculture aux conséquences du changement climatique et de contribuer à sécuriser l’accès à l’eau des exploitations. Martin Gutton a rappelé qu’en 2024 « c’est 20 millions d’euros pour le soutien à 48 projets dans le sud de la France, dévoilés par la ministre de l’agriculture le 5 novembre ». Parmi les projets retenus, des retenues collinaires, des créations et rénovations de réseaux d’irrigation

    Intervenant en vidéo lors de la séance de conclusion du congrès, Annie Genevard a indiqué que ce fonds hydraulique serait réabondé de 30 millions d’euros en 2025 (montant désormais annuel) avec une relance de l’appel à projets, « avec comme objectif de mailler les territoires vulnérables par la création ou l’extension de structures de stockage, de retenue, ou de réutilisation permettant une meilleure disponibilité de la ressource pour les agriculteurs ». Sont éligibles à ce fond, les exploitants agricoles, les Cuma, les structures collectives de regroupement d’agriculteurs, les organismes uniques d’irrigation, les associations syndicales de propriétaires, les établissements publics, ou encore les collectivités territoriales.

    Le projet de loi d’orientation agricole examiné au Sénat en janvier 2025  

    Enfin, 2025 verra l’examen à partir du 14 janvier, du projet de loi d’orientation agricole par le Sénat. Adopté en mai dernier par l’Assemblée nationale mais stoppé par la dissolution, le projet présentait certaines avancées, en reconnaissant le caractère stratégique de l‘agriculture et en ouvrant à une accélération du traitement en contentieux des projets de stockage d’eau. Sur ce sujet, le profession a déjà obtenu une évolution, avec le décret publié le 11 mai 2024, qui porte une adaptation de la procédure contentieuse relative aux ouvrages hydrauliques agricoles. Il comporte plusieurs mesures pour accélérer le traitement, par les tribunaux administratifs des recours contre ce type d’ouvrages.

    Marie-Christine Bidault

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